Curated with Jean-Baptiste Carobolante
Fabienne Audéoud, Jean Claracq, Madeleine Dujardin, Jordan Strafer, Gaspar Willmann
Scenography : Samuel Chochon // Graphism : g-r-g
01-04.24
Dans le cadre du cycle d'exposition KUTSCH à l'occasion de la résidence curatoriale à la Maison Populaire de Montreuil / As part of the KUTSCH exhibition cycle on the occasion of the curatorial residency at Maison Populaire de Montreuil
Merci aux galeries Sultana, Exo-Exo, le musée d'art et d'Histoire de l'hôpital St-Anne
Le 31 mars 1848, à près de New York, Maggie et Kate Fox, 14 et 11 ans, auraient entendu des coups portés aux murs, aux sols et aux plafonds de leur maison. D'un tempérament joueur, les deux sœurs y répondirent en frappant à leur tour sur le plancher. Puis, elles réussirent à installer un véritable dialogue avec l'esprit. La nouvelle se répandit dans la petite ville et tous·tes les voisins·es vinrent participer à ce qui fut alors considéré comme la première séance spirite de l'Histoire. Ensemble, la communauté réussit à faire avouer au la raison de sa présence. Il serait l'esprit d'un colporteur assassiné cinq ans plus tôt par d'ancien·es locataires·rices qui auraient tenté de le dépouiller. Son corps aurait été enterré sous la maison, On creusa alors un trou et l'on y découvrit les restes d'un cadavre. Ce 31 mars 1848 marque le premier cas de hantise domestique moderne. Ce n'est pas un fantôme qui vient à la rencontre des sœurs Fox, mais un spectre, forme anonyme qui cherche à tout prix à s'incarner dans un vivant, dans une image, dans une idée, dans un espace... Ainsi, la maison hantée devient la spatialisation de la volonté spectrale. Elle est telle une , c'est-à-dire un espace réduit à une vision, à un désir, à un cri, à une peur. Plus qu'une miniature en vue d'une construction, la maquette peut ainsi se suffire à elle-même : elle permet autant de contrôler le réel que de ne plus le subir.
L'exposition offre aux visiteurs·euses un espace aux relents domestiques et aux proportions contrariées, hanté par des émotions et des idées se logeant au sein des œuvres des cinq artistes présentés·es. Si les travaux exposés témoignent tous d'interrogations portées par les artistes en réaction à un réel intenable ou insaisissable, elles dévoilent également les différentes stratégies employées pour tenter de tenir au creux de la main, ce qui fait barrage à leurs existences. Que ce soit par l'utilisation d'objets miniatures, par la convocation trouble de jouets enfantins, par la peinture d'un espace fantasmé, par le dessin comme affirmation d'une existence ou bien encore, le livre comme renversement de l'autorité, les spectres sont ici convoqués dans une tentative de rendre différentes justices personnelles dont les répercussions peuvent ricocher, nous l'espérons, jusque dans nos espaces communs.
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