© Kévin Chrismann

Retrouver les textes rédigés pour chacun·es·x des artistes·x : Maison Daura

Pour parler des résidences Horizons à laquelle ont participé Maddie Tait-Jamieson, Kevin Chrismann, Raphaël Dubois et Yongkwan Joo ainsi que celle du Nouveau Grand Tour dont Simona Pavoni a pu bénéficier grâce à l’institut Français d’Italie, je pourrai tout simplement parler de Saint-Cirq-Lapopie. Je pourrais aussi évoquer le département du Lot qui tire son nom de la deuxième plus longue rivière de France et dont le chef-lieu, Cahors, est la principale gare qui permet de rejoindre le Quercy. Je pourrais aussi parler de l’antique cité des Cadurques, de la famille Gourdon ou bien encore de Compostelle, de Monsieur Daura, des Pompidou et toutes les figures, lieux et histoires qui nourrissent l’identité et l’attractivité de Saint-Cirq. Mais la vérité, c’est qu’au cours de cette semaine de résidence, noms et dates sont devenus flous au profit d’une narration nouvelle, articulée autour de la vie en communauté que nous avons menée avec Kevin Chrismann, Raphaël Dubois, Yongkwan Joo, Simona Pavoni et Maddie Tait-Jamieson.

Le titre de la résidence, Horizons, s’il fait écho au fait que les artistes invité·es doivent être diplômé·es depuis moins de 5 ans d’une école d’art d’Occitanie, évoque également très bien le mouvement général qui a circulé pendant ce temps partagé. En effet, si l’on se réfère à l’étymologie du mot horizon, celui-ci, issu du latin et du grec, exprime un « cercle qui borne la vue ». Il signifie aussi une borne, une limite. Ainsi, au cours de la semaine durant laquelle j’ai rejoint la Maison Daura, j’ai pu remarquer, au départ avec une certaine appréhension, la manière dont les pratiques des 5 artistes entretiennent toutes un rapport plus ou moins clair et/ou affirmé avec le couple idéel intérieur/extérieur. Je me souviens ressentir une inquiétude passagère quant au fait de devoir écrire ou réfléchir à ces contraires, comme un lointain écho à des thématiques soulevées lors de mes cours d’art au début des années 2010. C’était sans compter sur la reprise de la guerre entre Palestine et Israël au moment de ma présence à la maison.

Ainsi, la question de la frontière est réapparue concrètement et conceptuellement comme l’une des idées les plus complexes et meurtrières de l’histoire de l’humanité. Cette puissance exterminatrice venait une nouvelle fois nous percuter avec une violence inouïe et surligner que la problématique associée à la création, production, reconnaissance, recherches de limites n’est ni obsolète, ni innocente. Kevin Chrismann, Raphaël Dubois, Yongkwan Joo, Simona Pavoni et Maddie Tait-Jamieson ont toutes et tous, au cours de nos discussions, activé cet aller-retour entre ce qui délimite un espace dit intérieur et reconnu comme tel par celles et ceux qui le traversent en opposition à un extérieur qui, dans chacune des pratiques, apparaît comme l’endroit obligatoire par lequel circuler si l’on souhaite un jour se rencontrer.

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